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Léon Trotsky 19150108 Vers le centième numéro de « Goloss »

Léon Trotsky : Vers le centième numéro de « Goloss »

[Goloss, No. 100, 8 janvier 1915. Léon Trotsky : La Guerre et la Révolution. Le naufrage de la II” Internationale. Les débuts de la IIIe Internationale. Tome deuxième. Paris 1974, pp. 53-54]

La publication de Goloss, si modeste que fût le projet initial, est devenue un facteur primordial pour le développement de notre Parti. Étant donné les circonstances où naquit cette publication – dans la catastrophe de l’Internationale, du désordre au sein de l’émigration russe et des difficultés suscitées par la situation à Paris – , l’initiative marxiste et révolutionnaire de publier un tel journal est un exploit civique, qu’on n’oubliera pas.

Je vous demande la permission de le dire, aujourd’hui, dans les colonnes de Goloss.

Les premiers cent numéros embrassent une période de capitulation intellectuelle, de conquête nationaliste et de falsification patriotique du Socialisme. C’est pourquoi, le premier problème de Goloss fut d’exercer une critique efficace, au moyen de la méthode marxiste, pendant les trois mois et demi de sa parution.

Actuellement, une cassure incontestable a eu lieu au sein du Socialisme mondial. Dans tous les pays, la voix de l’internationalisme social-révolutionnaire s’est élevée contre le social-nationalisme et le social-impérialisme. Cette voix résonnera, sans cesse, plus fortement et d’une façon plus convaincante aux oreilles des masses qui sont passées par l’école effroyable de la guerre.

Nous n’abandonnons pas le problème de fond de la première période, la critique – il nous est indispensable de combattre implacablement « nos russes », les trembleurs patriotiques, les falsificateurs du Marxisme. Ils se cachent d’autant plus derrière leurs théories controuvées, que leur terrain est fragile. Mais, à côté de ce travail de critique, il en est un autre, positif, créateur, surgissant au premier plan : l’explication des grands problèmes historiques qu’apporte cette ère de bouleversements au prolétariat socialiste et le rassemblement, au nom de ces questions, des forces de la IIIe Internationale. Ce nouveau travail est plus compliqué et plus malaisé que le premier, mais, seulement dans la mesure de son accomplissement, nous trouverons la justification de notre lutte implacable contre les dirigeants de la IIe Internationale.

Le travail collectif, indispensable, de la pensée, de la pensée virile marxiste, se libérant des cadres de la politique de clocher, ne craignant pas de rompre avec les organisations moribondes, mais en même temps, étrangère au nihilisme, se campe fermement sur le terrain des conquêtes intellectuelles et politiques et sur celui des traditions théoriques, que le passé du mouvement socialiste nous a a légué.

Je souhaite cordialement à Goloss de travailler en ce sens.

Avec le salut d’un camarade.

Trotsky

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