Léon
Trotsky : Lettre à Alfred Rosmer
[Alfred
et Marguerite Rosmer - Léon Trotsky : Correspondance
1929-1939,
Paris 1982, pp. 212-213,
voir des
annotations
là-bas]
Coyoacán,
le 15 juillet 1937
Cher
ami,
Vous
avez dû recevoir ma réponse à Wendelin Thomas. Je suis
naturellement prêt à répondre à toutes les questions, officielles
et non officielles, venant de la Commission dans son ensemble ou d’un
de ses membres en particulier. Mais tout cela seulement pour
faciliter l’information et l’orientation générale de la
Commission. Je tiens pour absolument exclu que la Commission
s’engage dans la voie de conclusions
théoriques et historico-politiques. La moindre tentative de ce genre
ne pourrait que tuer la Commission, en démontrant qu’elle est
composée des représentants de différentes tendances politiques,
qui naturellement chercheront chacun l’avantage pour sa tendance au
détriment de la tâche concrète pour laquelle la Commission a été
créée.
Il
est à craindre qu’en cherchant la perfection la Commission ne se
transforme en une institution purement scientifique et historique et
même un peu archaïque, sans d’ailleurs enrichir la science et en
laissant les mains libres aux stalinistes pour une période
indéterminée.
Modigliani,
qui est un juriste prudent et même pédant, a trouvé possible de se
former une opinion sur la base de l’investigation partielle de la
Commission de Paris et, de plus, de proclamer son opinion dans les
assises de son parti. Le projet d’envoyer maintenant des émissaires
de New York en Europe pour y mener des enquêtes me paraît assez
douteux. Je suis plutôt enclin à croire que la Commission de Paris
a plus de raisons d’envoyer un émissaire à New York pour
accélérer les travaux de la Commission.
Vous
parlez de la Commission plénière. Quelle est d’ailleurs
présentement sa composition ?
Je
vois à l’instant une lettre de Sara Weber, nous annonçant votre
arrivée possible avec le couple Weber vers le 6 août. Pas
nécessaire de dire qu’on sera ici bien heureux de vous revoir
après une si longue interruption. Natalia a reçu une lettre de
Marguerite. Nous deux vous saluons chaleureusement.
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