Léon
Trotsky : Des Traîtres dans le rôle d’accusateurs
(22
octobre 1938)
[Source
Léon Trotsky, Œuvres 19, octobre
1938 a décembre 1938.
Institut Léon Trotsky, Paris 1985, pp. 108
f.,
voir des
annotations
là-bas]
Les
dépêches de presse nous informent que Solidaridad
Obrera
blâme le prolétariat mondial parce qu’il n’a pas apporté à la
révolution espagnole un soutien suffisant. Quelle hypocrisie !
L’accusation vient des mêmes sires qui, non seulement ont refusé
de soutenir la révolution prolétarienne, mais ont également
participé indirectement à sa liquidation. On peut considérer qu’il
s’agit d’une véritable loi : toute révolution développe une
puissance d’attraction proportionnelle au programme social réalisé
par les masses soulevées. Le prolétariat tout entier a suivi le
cours de la révolution espagnole en retenant son. souffle tant qu’il
constituait un authentique mouvement des masses pour le socialisme.
La sympathie des ouvriers s’est transformée en étonnement,
indignation, et, pis encore, en indifférence, quand Staline, Negrîn
et leurs associés ont commencé à étouffer la révolution
espagnole avec le soutien des anarchistes de Solidaridad
Obrera.
L’hypocrisie
des accusations lancées contre le prolétariat mondial devient
particulièrement claire à la lumière du procès des poumistes à
Barcelone. Nous ne nous étendrons pas sur les accusations selon
lesquelles les dirigeants du P.O.U.M. étaient en relation avec les
fascistes. Aucun individu pensant dans le monde entier n’ajoute foi
à une aussi répugnante falsification. La seule accusation sérieuse
dans la bouche du procureur est que le P.O.U.M.
par sa conduite révolutionnaire « extrémiste », a compromis
la révolution espagnole aux yeux de la démocratie à l'étranger,
c’est-à-dire l’Angleterre et la France. C’est ce que dit en
propres termes l’acte d’accusation. Cela veut dire que le
gouvernement de Barcelone voulait faire une révolution... avec la
permission des impérialistes anglais et français. La tâche du
G.P.U. était d’empêcher les masses de dépasser les limites de ce
qui était acceptable pour le roi George, pour Chamberlain, le
président Lebrun, etc. Mais on ne pouvait atteindre un objectif de
cette importance qu’en liquidant le mouvement ouvrier et paysan, en
détruisant le parti révolutionnaire et en mettant sur pied des
tribunaux d’exception. Le prolétariat mondial peut répondre à
ses accusateurs de Solidaridad
Obrera :
« Fermez-la, traîtres ! »
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