Léon
Trotsky : Léon Jouhaux et Lombardo Toledano
(22
octobre 1938)
[Source
Léon Trotsky, Œuvres 19, octobre
1938 a décembre 1938.
Institut Léon Trotsky, Paris 1985, pp. 106-107,
voir des
annotations
là-bas]
Au
congrès pacifiste de Mexico, l’inimitable Léon Jouhaux s’est
écrié : « Nous nous sommes réunis pour lutter contre le fascisme,
pas contre l’impérialisme. » Cela voulait dire : il faut empêcher
Hitler d’envahir les colonies françaises, mais il ne faut pas
empêcher les esclavagistes français de piller « pacifiquement »
leurs propres esclaves coloniaux. Après que la France et
l’Angleterre aient capitulé devant Hitler, Jouhaux a trouvé un
moyen de salut nouveau, plus neuf et plus sûr : convoquer une
conférence internationale... pour le désarmement. « Même Hitler
n’est pas exclu », ajoute cet incomparable anarcho-impérialiste.
Malheureusement, Jouhaux ressemble beaucoup à ce lapin rusé qui
proposait au loup d’aller avec lui chez le dentiste pour se faire
arracher les dents. C’est donc là le honteux final des nombreuses
années de campagnes pacifistes de Moscou ! Combien de dizaines de
millions de dollars ces banquets, ces congrès, ces parades, ces
voyages de Jouhaux et ces lettres pastorales de Romain Rolland
ont-ils coûté aux ouvriers russes?
Toledano,
dans Futuro,
a commencé à se dissocier poliment et prudemment de Jouhaux —
après que les partisans mexicains de la IVe
Internationale, à la grande surprise de Toledano, aient publié les
commentaires de Lénine sur Jouhaux (ce fut une surprise pour
Toledano, car il ne comprend ni Lénine, ni Marx). Peut-être
Toledano daignera-t-il maintenant répondre clairement et précisément
aux ouvriers. Sur quoi et avec qui est-il précisément en désaccord
? Approuve-t-il la politique de Staline ? Quel est, de façon
générale, son programme ?
Nous
le garantissons d’avance : Toledano ne répondra à aucune de ces
questions. Pourquoi ? Il n’a rien à dire. Il est nu. Comme
l’empereur d’Andersen.
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