Léon
Trotsky : Lettre à
L.
Sedov
(13
février 1938)
[Source
Léon Trotsky, Œuvres 16, janvier 1938 – mars 1938. Institut Léon
Trotsky, Paris 1983, pp. 171-172,
titre :
« Précisions », voir des
annotations là-bas]
Cher
Ami,
1.
La dénonciation de J. Duclos est absolument fondée. Le fait
que
Doriot l’avait dénoncé est bien naturel ; il ne s’agit pas de
Doriot
fasciste, mais de l’ancien membre du B.P. du P.C. Se laisser
paralyser
par des considérations pareilles est absurde. Le fait
que
J. Duclos n’a pas eu la majorité lors de l’élection à la
vice-présidence de la Chambre s’explique sûrement au moins en
partie
par
le télégramme de T[rotsky] au chef du gouvernement.
2.
Quant aux attentats de l’Etoile, nous n’avons jamais dit que
c’était
le fait des stalinistes. Mais quand les stalinistes ont commencé à
attribuer ces actes aux trotskystes, nous avons dit qu’il
est
possible
que les stalinistes y soient pour quelque chose, c’est-à-dire
qu’ils aient agi par l'intermédiaire de terroristes de droite en
s’assurant la possibilité de créer un complot judiciaire contre
nous. Cet avertissement était absolument nécessaire. C’est de
cette manière qu’ont agi, par exemple, les amis américains dans
le cas Robinson.
3.
Ce
que vous m’écrivez maintenant sur Paul diffère beaucoup de vos
premières impressions et renforce plutôt nos suspicions. Du point
de vue politique comme du point de vue du salut personne], il devrait
agir comme son collègue. La défense de se servir de ses
informations signifie qu'il continue la politique qu’il avait à la
veille de l’affaire I[gnace] R[eiss]. On peut même supposer des
pourparlers entre lui et l’autre partie où il pose des conditions
pour son silence. Dans ce cas-ci, je ne vois pas la moindre
possibilité que S[edov] l’accepte, même pour des conversations.
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