Léon
Trotsky : Lettre au Ministre de France
(28
février 1938)
[Source
Léon Trotsky, Œuvres 16, janvier 1938 – mars 1938. Institut Léon
Trotsky, Paris 1983, pp. 206-207,
titre « Les Papiers de Sedov » voir des
annotations là-bas]
Monsieur
le Ministre,
Notre
fils est décédé dans une clinique parisienne le 16 février. Vu
les soupçons qui entouraient les causes de sa mort, la police
française a entrepris une investigation d’ailleurs tout à fait
dans le sens d'un télégramme que nous avons envoyé d’ici. Durant
l’enquête des autorités, les papiers de Léon Sedov ont été
saisis. Le testament signé par Léon Sedov laisse tout ce qui était
en sa possession, y compris les documents, à sa compagne Jeanne
Molinier, née Martin des Pallières. Nous craignons que ce testament
ne soulève quelques difficultés, étant donné le fait que le
mariage de notre fils avec Jeanne Molinier, née Martin des
Pallières, n’avait jamais été sanctionné par la loi.
Vu
les circonstances, nous vous prions, Monsieur le Ministre, de
communiquer au gouvernement français notre vœu le plus ardent, à
savoir que les papiers de Léon Sedov ne tombent pas dans les mains
ou sous les yeux des représentants soviétiques. Ni nous ni notre
fils n’avions ni n’avons rien à cacher aux autorités
françaises. Si elles soumettent les papiers saisis à un examen
attentif, elles auront une occasion de plus de se convaincre du
caractère ignominieux des accusations lancées contre Léon Sedov
par le G.P.U.
Mais
si les papiers de notre fils, directement ou indirectement,
venaient à être connus des autorités soviétiques, de tierces
personnes pourraient en souffrir terriblement
comme e fut par exemple le cas d’Ignaz Reiss et peut-être de notre
fils lui-même.
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