Léon
Trotsky : Moins par Moins égale Plus
(10
novembre 1938)
[Source
Léon Trotsky, Œuvres 19, octobre
1938 a décembre 1938.
Institut Léon Trotsky, Paris 1985, pp. 162-163,
voir des
annotations
là-bas]
Dans
son discours au Palais de Bellas Artes le 8 novembre, Lombardo
Toledano a déclaré : « Quelque chose que je n’ai pas affirmé,
parce que je ne suis pas fou, c’est que Trotsky avait proposé une
grève générale pendant le conflit du pétrole ». On peut supposer
que le compte rendu de son discours dans El
Popular
a été publié par l’orateur lui-même avec le soin nécessaire.
On ne peut pas souhaiter plus catégorique démenti que celui qui
vient d’être reproduit ; « parce que je ne suis pas fou »! ! !
Nous allons pourtant vérifier ce que dit M. Toledano.
Dans
les journaux du 31 mai 1937 (El Universal, première section, page 8;
Excelsior, Ire section, page 6; El Nacional, Ve section, p. 6 ; La
Prensa,
p. 6) il était dit dans le compte rendu du discours de Toledano au
meeting tenu le 30 mai 1937 au théâtre du Peuple : « Nous n’allons
pas suivre ceux qui s’affirment d’extrême gauche et veulent nous
entraîner dans une grève générale dans la république. Nous ne
ferons pas le jeu de Trotsky qui représente la contre-révolution.
La grève générale est contre le gouvernement ».
On
trouve la même phrase dans les quatre journaux. Il est clair que le
texte a un caractère, sinon officiel, du moins officieux. M.
Toledano n’a jamais démenti, ni le discours dans son ensemble, ni
la phrase qui nous intéresse. Les mêmes journaux ont publié ma
déclaration du 26 juin 1937 dans laquelle je disais : « M.
Toledano, dans une série de déclarations publiques, m’a attribué
différentes interventions dans la vie intérieure du Mexique
(notamment, par exemple, un appel à la grève générale). Il n’y
a pas un seul mot de vrai dans de telles affirmations ».
Même
après cela, M. Toledano n’a pas publié un seul rectificatif à
son discours. Il a fallu attendre un an et demi pour que Toledano
juge nécessaire de déclarer dans un autre discours qu’il « n’est
pas fou » et qu’il n’a jamais fait semblables déclarations.
Cette fois non plus, il n’a pas raison. Les faits et les textes
parlent d’une autre manière. Les démentis de M. Toledano, comme
on le voit, se distinguent par la même exactitude que ses
affirmations. Mais moins par moins égale plus.
M.
Toledano ne veut pas d’une enquête sur ses accusations, faite par
une commission impartiale. Au lieu de cela, il a commencé à se
réfuter lui-même. Personnellement, je n'ai pas d’objection contre
cette méthode et j’accepte avec gratitude son témoignage que
seuls des fous peuvent m’accuser de vouloir provoquer une grève
générale contre le gouvernement Cardenas, selon lui. J’ajoute
seulement que les autres accusations également lancées contre moi
ont la même valeur.