Léon
Trotsky : Sur une déclaration du président Roosevelt
(29
mars 1938)
[Source
Léon Trotsky, Œuvres 17, mars 1938 a
juin 1938.
Institut Léon Trotsky, Paris 1984, p. 110,
voir
des
annotations là-bas]
Le
25 mars, le président Roosevelt a déclaré aux représentants de la
presse que les États-Unis seraient un pays d’asile pour tous les
persécutés politiques et religieux comme, par exemple, « les
catholiques de Barcelone, les antifascistes d’Italie, les
trotskystes de Russie, les Juifs, protestants et catholiques
d’Allemagne et d’Autriche »...
Tout
homme qui pense comprendra l’importance que revêt dans ce cas la
mention des « trotskystes de Russie ». Personne ne soupçonnera le
président Roosevelt d’avoir de la sympathie pour ce qu’on
appelle le « trotskysme ». Mais il ne s’agit nullement de cela.
Il ne s’agit même pas du simple droit d’asile. Car si les
trotskystes étaient même à 1 % de la façon dont les présente la
justice de Moscou, ils ne pourraient prétendre au droit d’asile.
Aucun pays ne voudrait ouvrir ses frontières à des gens qui, sous
le masque de formules politiques fausses, se consacrent à
l’espionnage, au sabotage, à l’empoisonnement et autres crimes
semblables. De plus, au cours des deux derniers procès, les
accusateurs de Moscou se sont particulièrement efforcés de
démontrer que les « trotskystes » étaient alliés au Japon contre
les États-Unis. Si, malgré tout cela, le président des États-Unis
cite les « trotskystes » dans la liste des groupes politiques
persécutés qui peuvent compter sur le droit d’asile aux États-Unis, cela signifie seulement que M. Roosevelt ne croit pas les
accusations de Moscou. Le poids politique et moral de ce fait est
d’autant plus grand à partir du moment où M. Roosevelt exprime
dans cette affaire l’opinion solidement établie de l’écrasante
majorité de l’humanité civilisée.
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