Léon Trotsky : Lettre à Joseph Hansen (18 janvier 1940) [Source Léon Trotsky, Œuvres 23, janvier 1940 à mai 1940. Institut Léon Trotsky, Paris 1986, pp. 85-85, titre : « Il faudra poursuivre la Discussion », voir des annotations là-bas] Cher Joe, Merci pour les citations de votre lettre du 15 janvier. Mon article contre Shachtman est déjà rédigé. J’ai besoin maintenant de deux ou trois jours pour le polir et j’essaierai d’utiliser quelques-unes de vos citations. Mais je désire vous parler ici d’une autre question, plus importante. Quelques-uns des dirigeants de l’Opposition sont en train de préparer une scission : de ce fait, ils dépeignent l’opposition dans l’avenir comme une minorité persécutée. C’est très caractéristique de leur état d’esprit. Je crois que nous devrions répondre à peu près comme suit ; « Vous avez déjà peur de notre répression à venir? Nous proposons des garanties mutuelles pour la future minorité que ce soit vous ou nous. On pourrait formuler ces garanties en quatre points : 1) aucune interdiction des fractions, 2) aucune autre restriction de l’activité des fractions que celles dictées par la nécessité d’une action commune, 3) les publications officielles doivent bien entendu représenter la ligne fixée par le prochain congrès, 4) la future minorité pourra, si elle le désire, avoir un bulletin intérieur destiné aux membres du parti, ou bien un bulletin de discussion commun avec la majorité. » Le fait de continuer à publier des bulletins de discussion tout de suite après un congrès qui suit une longue discussion n’est bien entendu pas la règle, mais l’exception, plutôt déplorable. Mais nous ne sommes en rien des bureaucrates. Nous n’avons pas de règles immuables. Nous sommes dialecticiens également dans le domaine de l’organisation. S’il existe dans le parti une minorité importante qui n’est pas satisfaite des décisions du congrès, il est incomparablement préférable de légaliser la discussion après le congrès, plutôt que d’en arriver à une scission. Nous pouvons même, si nécessaire, aller plus loin et leur proposer de publier, sous la supervision du nouveau comité national, des tribunes spéciales de discussion, pas seulement pour les membres du parti, mais pour le public en général. Nous devrions aller aussi loin que possible à cet égard, afin de désarmer leurs plaintes, au moins prématurées, et de leur rendre difficile la préparation de la scission. Pour ma part, je crois que la prolongation de la discussion, si elle est canalisée par de la bonne volonté de part et d’autre, ne peut qu’être utile à l’éducation du parti dans les conditions actuelles. Je crois que la majorité devrait faire ces propositions par écrit, officiellement, au comité national. Quelle que soit leur réponse, le parti ne pourrait qu’y gagner. |
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